Un peu de solidarité S.V.P.

Si vous conduisez un VÉ, voici un sujet qui nous concerne tous : « la solidarité ».

Dans un monde idéal, toutes les voitures seraient électriques.  Il y aurait toujours plusieurs bornes de recharge disponibles près des centres commerciaux, dans les centres-villes, aux haltes routières, aux dépanneurs, à tous les restaurants, aux différentes attractions touristiques, etc.  Tous les employeurs mettraient des bornes de recharge à la disposition de leurs employés.  Les stationnements publics, les appartements et les condos offriraient également des bornes de recharge à chaque emplacement.

Tout cela pourrait ressembler à de la science fiction aujourd’hui, mais le jour viendra où cela fera certainement parti du quotidien.

Toutefois, en 2017, étant seulement aux balbutiements de l’électrification des transports, le paysage en est tout autrement.  Si on retrouve des stations-services pour l’essence un peu partout, les bornes de recharges sont peu nombreuses et pas toujours bien situées.  En voyage c’est souvent la borne de recharge qui décide de l’endroit où arrêter.  Lors d’un déplacement d’affaire, prévoir l’achalandage aux BRCC et partir plus tôt est un incontournable pour ne pas arriver en retard.  Si les stationnements pour handicapés sont bien encadrés par la loi, il en est tout autrement pour les emplacements des bornes de recharge qui sont utilisées comme stationnement par certaines voitures à essence ou pire encore par des VÉ.

Par conséquent, dans le contexte actuel, il devient essentiel de faire preuve de courtoisie entre électromobilistes afin de pouvoir partager de façon harmonieuse ces ressources présentement limitées.  Hélas, la solidarité n’est pas toujours au rendez-vous…

Un espace de recharge n’est pas un stationnement privilégié pour VÉ

Samedi le 23 sept au soir, lors d’un arrêt à Trois-Rivières pour me recharger chez Roulez Électrique, il y avait 8 VÉ dont 7 étaient branchées sur une borne niveau 2, mais de ce nombre une seule voiture était réellement en processus de recharge.  J’aurais bien apprécié pouvoir compléter ma recharge sur l’une de ces bornes le temps d’un repas rapide pour reprendre la route ensuite, mais…

Une fois la recharge complétée, la moindre des choses c’est de déplacer sa voiture pour laisser la place à quelqu’un d’autre.  Dans le cas de Roulez Électrique des caméras de surveillance peuvent être consultées en ligne tandis qu’il est possible pour un grand nombre de VÉ de consulter l’état de recharge de sa batterie via une application en ligne.  Ou encore, une simple note sur le tableau de bord peut faire l’affaire, ce qui m’amène au prochain point.

Laisser ses coordonnées sur le tableau de bord

Parmi toutes les voitures présentes, je n’ai pas remarqué une seule affiche sur le tableau de bord.  Aucun moyen de rejoindre les propriétaires ou de savoir si je pouvais les débrancher pour me brancher près d’eux et pour combien de temps.

Une affiche de courtoisie permet de savoir à quoi s’en tenir.  Vais-je pouvoir me brancher bientôt ou dois-je trouver une autre solution.  Cela devient encore plus nécessaire lorsqu’il n’y a qu’une seule borne de recharge.

Il existe différents formats d’affiche ou de fiche de courtoisie, celle de l’AVÉQ (cliquez ici) , celle de Roulez Électrique (cliquez ici), celle de VÉ Passion (cliquez ici) et sûrement plusieurs autres.  A la limite, une simple affiche avec votre no de téléphone est amplement suffisant, surtout lorsqu’il est difficile d’estimer avec précision le temps de recharge nécessaire.

Nos paroles peuvent bâtir ou détruire

Pour obtenir plus de bornes de recharge, nous devons tous unir nos voix pour avancer dans la même direction.  Mettez-vous un instant dans la peau d’un dirigeant ou d’un politicien qui entend des électromobilistes affirmer qu’il faut plus de bornes de recharge alors que d’autres disent exactement le contraire, comment s’y retrouver et justifier un investissement?

Dans cette même ligne de pensée, voici quelques commentaires d’électromobilistes que j’ai reçu récemment :

  1. L’ajout de BRCC n’est pas nécessaire;
  2. Pour faire de la route, la location d’une voiture thermique (à essence) est la solution;
  3. Avec l’arrivée des VÉ à plus grande autonomie l’utilisation des BRCC diminuera;
  4. Les BRCC serviront seulement pour les vacances;
  5. Personne n’utilise les bornes publiques; et
  6. Installer autant de bornes coûtera trop cher, c’est rêver en couleur.

A cela je réponds :

1. Considérant que le nombre de VÉ ne fera qu’augmenter au cours des prochaines années, l’ajout de BRCC et de bornes niveau 2 sera essentiel pour répondre à la demande et créer un climat de confiance qui encouragera la population à remplacer leurs voitures thermiques par des VÉ.  Les plus grandes craintes d’un automobiliste face à la transition vers un VÉ, c’est de tomber en panne, de ne pas pouvoir se brancher et de ne pas pouvoir se rendre à destination.   Nous sommes à peine plus de 18,300 VÉ au Québec tandis que selon Statistiques Canada, il y avait 8,429,330 véhicules immatriculés au Québec en 2016.  Pour convertir ce parc de véhicules, il faudra beaucoup plus de bornes, énormément plus, il en faudra partout.  De la même manière que les maisons d’autrefois ne possédaient aucune prise électrique, faites le calcul combien de prises électriques se trouvent dans votre maison aujourd’hui;

2. Concernant les voyageurs, ce n’est pas en leur offrant une voiture à essence comme solution pour la route que nous pourrons faire avancer l’électrification des transports.  Qui voudrait acheter un VÉ sachant qu’il ou elle devra louer une voiture à essence pour sortir de la ville?  En fait, voyager en VÉ est très possible et agréable si l’on peut trouver facilement des bornes de recharge à proximité.  Voyager sans polluer, quel plaisir!

3. Qui dit VÉ à plus grande autonomie dit plus de VÉ à s’aventurer plus loin sur nos routes.  Ce qui se traduit par plus d’électricité consommée et besoin de plus longues recharges.  La différence entre la recharge des 60 kWh d’une Chevrolet Bolt EV 2017 vs les 24 kWh d’une Nissan Leaf 2015 peut se traduire par près d’une heure d’attente supplémentaire à une BRCC.  De plus, même s’il est possible de faire 380 km en été, ce pourrait être possiblement 228 km en hiver.  Montréal-Québec sans recharge en hiver pourrait être périlleux, ceci sans compter les imprévus, les conditions climatiques, la dénivellation, les oublis, les pannes d’électricité dans son quartier, etc.  Dans tous ces cas et bien d’autres, les BRCC seront nécessaires;

4. Tant mieux pour ceux qui se déplacent uniquement en ville, ceux-ci ne toucheront possiblement jamais à une borne de recharge publique.  Toutefois si vous vous assoyez près des autoroutes 15, 20 ou 40 et comptez le nombre de voitures y circulant à tout moment je doute que ce soit uniquement des vacanciers.  Personnellement, il m’est arrivée à plusieurs reprises de croiser aux BRCC des électromobilistes se déplaçant du sud de l’Ontario jusqu’au Québec et parfois même vers les Maritimes par affaires ou pour visiter de la famille et il est à prévoir que ce nombre ne fera qu’augmenter.  De plus, dans un contexte d’affaire où l’objectif est d’arriver à destination le plus rapidement possible, l’accès rapide à une BRCC devient une nécessité;

5- S’il est vrai que le taux d’utilisation actuel des bornes de recharge est peu élevé sur un cycle de 24 hrs, le problème concerne surtout les périodes de pointes.  Je ne surprendrai personne en disant que les gens se déplacent principalement durant le jour et souhaitent se nourrir aux mêmes heures et par conséquent se brancher au même moment.  Lorsque je ne suis pas le 2e ou 3e à arriver à une BRCC, il arrive également qu’après avoir débuté ma recharge 1 ou 2 autres VÉ arrivent.

6- Si nous croyons que l’installation massive de bornes de recharge risque d’être trop dispendieuse, il faudrait s’interroger à savoir combien il nous en coûte présentement en frais de santé reliés à la pollution automobile, aux millions de dollars en subventions versés à l’industrie pétrolière et à tout l’argent qui quitte notre économie pour s’en aller vers les pays producteurs de pétrole.

Penser à soi c’est bien, mais penser aux autres c’est encore mieux

A retenir, que vous utilisiez ou non les bornes publiques, pensez aux autres, à tous ceux qui en ont besoin, car tôt ou tard ce pourrait être vous.

Aujourd’hui, nous les électromobilistes sommes tous des pionniers.  Nous représentons à peine 0,2% du parc automobile au Québec mais ce nombre augmente continuellement.

Quitter les énergies fossiles pour se convertir à des sources d’énergie propre est un défi colossale pour nos sociétés, mais nous faisons tous parti à la fois du problème et de la solution.  Chaque geste que nous posons, chaque parole que nous prononçons et chaque idée que nous concevons est importante pour protéger notre belle planète.

Ne soyons pas un problème mais plutôt une piste de solution.  Dans toute révolution, l’entraide et la solidarité rendent toujours les obstacles plus faciles à franchir.  Soyons solidaires entre électromobilistes pour favoriser la réussite de l’électrification des transports.

Je ne suis qu’une goute d’eau dans cet univers, mais tous ensemble nous pouvons former un océan!

 

16 Commentaires

  • Excellent texte et totalement dans le mile pour tous les points mentionnés dans votre publication.

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  • Absolument d’accord.
    Un petit bémol, il est mathématiquement certain que des voitures à plus grande autonomie auront une influence sur les habitudes de recharge et cela influencera l’utilisation des BRCC.
    Moins de recharge, mais plus longue par exemple pour les grands déplacement, mais moins (pas) de recharge dans le rayon d’action quotidien ou habituel.

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    • La puissance (rapidité) de recharge doit augmenter, pas seulement le nombre de bornes. Comme ça les voitures à plus grande autonomie n’auront pas besoin de plus de temps, mais seulement de plus d’énergie (à un prix approprié).

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    • D’avantages de borne est un incontournable pour rendre le Circuit Électrique efficace. Imaginer un instant faire un voyage de Québec vers Rimouski en Leaf avec 2 jeunes enfants, Vous arrivez à un BRCC où une bolt et une Tesla en ont chacun pour 1h30 à se recharger… C’est suffisant pour vous donner le goût d’abandonner le projet ! Les VÉ avec des batteries de 60 Kw et plus, c’est long à recharger. Si en plus il y a une file d’attente, l’unique BRCC n’est plus une solution rapide. Peu de propriétaires de Tesla n’envisageraient de voyager si les Supercharger n’avait qu’une seule borne par emplacement. Ce qui fait le succès de ce modèle malgré son prix, c’est entre-autre le réseau de recharge ultra efficace qui vient avec.

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  • Excellents commentaires et très à points. J’utilise toujours une affiche 8 1/2″ x 11″ lorsque je me branche et dois m’éloigner de ma voiture pour laisser mes coordonnées, je constate toutefois que j’en ai rarement vu affichées par d’autres propriétaires. Je m’en traîne toujours 2-3 affiches vierges que je laisse sur le pare-brise de ces électromobilistes ignorants de l’étiquette qui devrait venir avec le manuel du propriétaire de chaque VÉ. Mais comme il y de l’éducation à faire, voici une solution qui pourrait aider à éduquer en même temps qu’elle permet la possibilité de régler le problème sur place: coller une pochette de plastique, étanche de préférence, en laissant à l’intérieur plusieurs affiches et un crayon feutre pour permettre aux personnes ignorant les règles de courtoisie de base aux BRCC de pouvoir s’en remplir une qu’ils pourront garder, en indiquant clairement le but recherché et la façon de s’en servir. Comme il serait probablement utopique d’espérer que le CÉ le fasse de leur propre chef, ça va prendre l’initiative des plus pro-actifs de nous pour se traîner des kits à coller sur le frigo bleu lors de nos futurs déplacements!

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  • Et quelle belle image que ces 5 BRCC côte à côte, à faire rêver! Espérons que ça devienne une réalité bientôt!!

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    • J’aimerais bien savoir où se situe cette installation (si elle existe réellement)!

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    • À bien regarder, ça semble plutôt une image modifié par « photoshop ». Dommage! 🙂

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      • Effectivement, vous avez raison, il s’agit d’une image modifiée. L’endroit est situé dans le stationnement de la BRCC Pointe-aux-Lièvres à Québec, vue du côté opposé de la borne, tandis que la BRCC est celle de la CAA Québec x5, la même qui a servi pour l’image à la une de cette article. Je voulais une image qui pouvait représenter le futur et nous faire rêver.

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  • Jean, je crois que même avec une autonomie plus grande la demande pour les BRCC va augmenter car plusieurs qui n’ont pas accès à une borne l2 vont se recharger pour des périodes très longue et ce à quelques reprises par semaine. Ou ceux qui font de grandes distances avec pas assez de temps pour recharger complètement pendant la nuit.

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  • Très bon cet article merçi

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  • Complement d’ accord avec l’ article. Des point que l’on n’a en tête qui sont très bien articulées dans le texte. Merci.

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  • Une des solutions à nos problèmes: l’installation de BRCCs à chaque Tim Hortons. Il n’y aura plus aucun problème dans les zones hautement fréquentées ! Et bien des cafés vendus.
    Je croise pas moins de 6 Tim Hortons sur mon trajet quotidiens, qui est de 50 km… et ma copine 4, sur 20 km. Sans blague, ça en ferait des bornes !
    Super article, ça m’a fait réalisé que je voulais une affiche de ce type-là depuis que j’ai ma Leaf (2 mois)… ce sera bien pratique !

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  • Si la technologie le permet sur le réseau circuit électrique, après avoir complété une charge à 100% ,le compteur devrait continuer à tourner tant qu,ils ne sont pas déconnecté au moins pour les bornes rapides et idéalement sur les bornes niveaux 2…. comme tesla fait déjà pour les supercharger si le taux d occupation des borne est de 50% et plus… malheureusement seulement jouer dans les poches des gens fonctionne… et si quelqu un se stationne dans un espace electrique sans charger …. contravention !!!

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  • À ceux qui disent que c’est dispendieux une BRCC. N’oubliez pas que s’il y a une erreur d’emplacement, il est relativement facile de les changer d’endroit. Essayez de faire la même chose avec des station d’essence, de Gaz naturel ou d’hydrogène? Je considère que c’est un point qui est malheureusement pas mentionné. Si je serais un investisseur, c’est un facteur de risque financier en faveur des BRCC qui est très important.

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